Le nouveau cadre juridique des IDÉ en Haïti dans le contexte post-désastre : Accélérateur de croissance ou frein au développement ?

Les flux d’investissement directs étrangers en Haïti ont atteint un niveau record en 2011 en passant de cent cinquante millions (150 MUSD) pour l’année 2009 à cent quatre-vingt- un millions (181 MUSD). Depuis 2010, les flux d’IDE vers Haïti objectivement sont supérieurs par rapport aux flux d’avant le séisme. Le Centre de facilitation des investissements (CFI) affirme que pour l’année 2013, Haïti devrait connaitre une forte augmentation des entrées d’IDE. En effet, plus de 225 MUSD d’IDE ont été enregistrés, soit une augmentation de 25% par rapport à 2012. Cependant, les dirigeants haïtiens n’ont pas su profiter de l’occasion que leur a offert le séisme du 12 janvier 2010, pour accroitre et assurer l’accroissement continu des investissements directs étrangers (IDÉ) en Haïti. Certes, les opportunités de la reconstruction ont augmenté légèrement les flux d’IDE. Toutefois, ceux-ci, à en croire les aveux de certains pays amis d’Haïti, restent totalement insuffisants.

 

Selon les données fournies par le CFI , les bas salaires, l’ouverture du Parc industriel de Caracol en octobre 2012 et l’accès préférentiel au marché des États-Unis d’Amérique par l’intermédiaire de la loi HOPE/HELP ont permis d’attirer des investissements dans le secteur du textile. Citons par exemple, l’investissement de la compagnie coréenne Sea-A, Trading Co. Ltd, le principal opérateur du Parc industriel du Caracol, estimé à 78 MUSD. Cette loi HOPE (I et II, actuellement Help) favorise les exportations de vêtements d’Haïti vers le marché US tout en les épargnant des droits de douane si au moins 50% de la valeur des intrants et/ou des coûts de transformation des vêtements sont originaires d’Haïti, des États-Unis ou d’un autre pays bénéficiant d’un accord de libre-échange avec les États-Unis, tels que : Le Mexique et le Canada signataires de l’Accord de libre-échange nord-américain. D’autres investissements sont réalisés depuis 2010 dans le secteur du tourisme avec notamment l’implantation des chaines hôtelières Best Western , Royal Oasis et Marriott, et dans les télécommunications : le groupe de télécommunication vietnamien de l’Armée (Viettel) et la compagnie générale de télécommunications d’Haïti ont créé une joint-venture (NATCOM) avec un capital initial de 100 MUSD, détenu à 60% par Viettel. De plus, Digicel, leader sur le marché de la téléphonie mobile, continue d’investir sur le marché local.

 

On pourrait espérer que de tels investissements profiteraient à la création d’emplois en Haïti. Tout le contraire, cependant, se constate : la privatisation du secteur de la télécommunication soldée par l’invasion du marché haïtien par des techniciens étrangers et le licenciement de centaines d’employés du secteur public de communication. Une autre conséquence liée aux investissements directs étrangers est la menace d’expulsion de milliers de familles au Centre-ville de la Capitale haïtienne et de l’Ile-à-vache. Malgré les avancées faites en investissements directs étrangers en Haïti après le séisme du 12 janvier, les conditions de vie des masses n’ont pas changé. Près de 80% de la population vit sous le seuil de pauvreté, soit avec 1,40 euros par jour, un chiffre qui a augmenté de quinze points des suites du séisme. Le chômage est tellement élevé qu’il en est presque incalculable, certains parlent de près de 65 % de la population. Au 12 janvier 2012, 70, 000 personnes sont encore sous des tentes et menacées d’expulsion. Environ 60% du budget national dépend de la coopération internationale. Si l’on admet que les investissements directs étrangers ont connu un accroissement en Haïti après le 12 janvier 2010, on est en droit de se demander : À qui profitent-ils ?

 

Par Patrice Florvilus

Étudiant à la maîtrise en Droit International (Drt-6830)

Ce contenu a été mis à jour le 28 mars 2016 à 15 h 58 min.

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